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L’anosmie, une nouvelle maladie ?

En temps normal, 3 millions de personnes, soit 5% de la population, sont concernées par une perte d’odorat sans que l’on s’en soucie véritablement. La COVID-19 a mis l’anosmie persistante sur le devant de la scène.
Alors que la HAS (Haute Autorité de Santé) recommande de commencer la rééducation olfactive le plus rapidement possible, qu’est ce que réellement l’anosmie ?
Comment dépister un trouble olfactif ? Est-il dangereux de ne plus rien sentir ? Comment retrouver l’odorat ?

Qu’est ce que l’anosmie ?

L’anosmie est la perte d'odorat brutale, complète, associée à des troubles du goût.
Le goût et l’odorat sont des sens intimement liés qui ont besoin de 3 organes pour fonctionner :

  • le bulbe olfactif (détectant les odeurs),
  • les papilles gustatives de la langue (percevant le goût),
  • le nerf trijumeau (sensible au goût, à la température, à la texture et à la fraîcheur).

La COVID-19 peut attaquer le bulbe olfactif et entraîner une anosmie.
L’anosmie n’entraîne pas la perte de goût mais l’impacte très sérieusement car l’odorat participe à 80% à la construction du goût par le flux rétronasal.
La perte d’odorat concerne près de 75% des patients COVID. Si pour la majorité l’odorat revient au bout de 2 à 3 semaines, 10% des personnes souffrent encore d’une perte d’odorat persistante à 3 mois ce qui est considéré comme un COVID long.
L’anosmie peut également être congénitale (dès la naissance), survenir suite à une infection virale (grippe annuelle, rhinite, COVID-19...), une polypose nasale, un traumatisme crânien ou une exposition chimique.

Comment dépister un trouble olfactif ?

Il faut savoir qu’il existe plusieurs formes de perte d’odorat, voici comment les différencier :

  • Je ne sens rien : perte totale ou absence d’odorat (anosmie)
  • Je ne sens pas bien : atteinte de la détection des odeurs (hyposmie)
  • Je sens trop : exacerbation des odeurs (hyperosmie)
  • Je ne reconnais pas : atteinte de l’identification des odeurs
  • Je ne sens pas pareil : odeurs / saveurs déformées (parosmie)
  • Je sens des odeurs que les autres ne sentent pas : hallucination olfactive (phantosmie)
  • Fluctuations de l’odorat au cours de la même journée ou sur plusieurs semaines, des rechutes de perte d’odorat bien après l’infection COVID
  • Gêne nasale ou sensation de nez bouché

Si vous avez un ou plusieurs symptômes depuis plus de 2 semaines, vous avez une anosmie.

Est-il dangereux de ne plus rien sentir ?

La perte de l’odorat affecte la qualité de vie dans son ensemble (physique, psychique et sociale). Cela entraîne une perte de repères, de moral et de confiance en soi. L’incompréhension de l’entourage (famille, amis, collègues, ...) et la difficulté d’exprimer cette perte nécessite l’accompagnement d’un professionnel mais aussi l’écoute des proches.
Ce symptôme a l’air bénin mais peut être responsable de troubles de l’humeur, de dépression. L’anosmie totale peut entraîner :

  • des difficultés relationnelles : odeurs personnelles (peur de sentir mauvais), peur de l’autre, perturbation des relations intimes et familiales et hyper contrôle des odeurs.
  • une perte de repères : émotions et odeurs du quotidien (café, fleurs, maison...), préfère manger seul.
  • une diminution des prises alimentaires par manque de plaisir et une augmentation des risques de dénutrition couplée à une perte de poids ou à l’inverse une prise de poids importante par recherche de plaisir alimentaire non assouvi (surconsommation des aliments sucrés, gras, salés).
  • un risque d’intoxication alimentaire : la personne n’est pas alertée par les odeurs !
  • une augmentation des accidents domestiques : non alerté par les fuites de gaz, par les odeurs de brûlé...

Comment retrouver l’odorat ?

Pour accélérer la récupération de l’anosmie, une rééducation olfactive est recommandée.
Le training olfactif vise à stimuler les fonctions cognitives qui associent la mémoire et l'odorat.
L’association Anosmie.org, met à votre disposition l’application covidanosmie.fr.
Le programme de rééducation olfactive consiste à combiner l’utilisation, deux fois par jour, d’huiles aromatiques à haute concentration et un module de stimulations visuelles.
L’application indique quotidiennement au patient l’ordre dans lequel il doit utiliser ces huiles, comment il doit procéder, et plusieurs fois par semaine, l’invite à renseigner un questionnaire permettant la mesure et le suivi individuel des progrès.

En conclusion, l’anosmie est une vrai maladie et reste un handicap invisible qui peut diminuer nettement la qualité de vie. C’est pourquoi, il est important de se faire aider et de bénéficier une prise en charge pluridisciplinaire : médecin traitant, ORL, psychologue, orthophoniste, dentiste... et bien sûr diététique.
Votre diététicienne pourra vous aider en vous conseillant des préparations savoureuses qui pourront activer vos sens et vos papilles, tout en rééquilibrant votre alimentation pour limiter les carences.